Andantino de la sonate D959 de Schubert
Citation de Fledermaus le 3 août 2021, 23:40Hello,
En voiture ce midi j'ai entendu un fragment de rediff d'échanges de Mildred Clary avec Brendel à propos de Schubert durant lequel Alfred évoquait les sonates tardives, dont cette D959 - en particulier ce mouvement particulièrement névrotique, angoissant et sublime. Je l'avais découvert au siècle dernier par Badura-Skoda dans cette version sur instrument d'époque, dont la sonorité fragile et souffreteuse ne fait qu'ajouter à l'émotion :
On ne peut pas se plonger sérieusement là-dedans et en sortir indemne nerveusement, si ?
Le lien vers l'émission : https://www.francemusique.fr/emissions/les-tresors-de-france-musique/schubert-vu-par-alfred-brendel-une-archive-de-1997-2eme-partie-97092
Hello,
En voiture ce midi j'ai entendu un fragment de rediff d'échanges de Mildred Clary avec Brendel à propos de Schubert durant lequel Alfred évoquait les sonates tardives, dont cette D959 - en particulier ce mouvement particulièrement névrotique, angoissant et sublime. Je l'avais découvert au siècle dernier par Badura-Skoda dans cette version sur instrument d'époque, dont la sonorité fragile et souffreteuse ne fait qu'ajouter à l'émotion :
On ne peut pas se plonger sérieusement là-dedans et en sortir indemne nerveusement, si ?
Le lien vers l'émission : https://www.francemusique.fr/emissions/les-tresors-de-france-musique/schubert-vu-par-alfred-brendel-une-archive-de-1997-2eme-partie-97092
Citation de Papytechnofil le 4 août 2021, 06:58Hi,
Je ne connaissais ni l'oeuvre, ni le pianiste... 😳
Mais je dois reconnaitre que cet instrument d'époque ajoute beaucoup à l'ambiance, merci pour la découverte!
Hi,
Je ne connaissais ni l'oeuvre, ni le pianiste... 😳
Mais je dois reconnaitre que cet instrument d'époque ajoute beaucoup à l'ambiance, merci pour la découverte!
Citation de ThierryNK le 4 août 2021, 07:25On ne peut pas se plonger sérieusement là-dedans et en sortir indemne nerveusement, si ?
Non
Je ne suis jamais arrivé à plonger dans les oeuvres de Schubert pour piano (sauf peut-être les impromptus), ni devant mon piano, ni à l'écoute. Je pense que ne n'y arriverai jamais. Je m'enfuis presque toujours avant la fin d'une sonate au bout de 1 ou 2 mouvements. Les moments musicaux, pareil. Cela me perd. Je n'écris pas "je m'y perds", mais bien cela me perd.
En liaison très très forte avec Schubert, je ne peux que vous conseiller, recommander, exhorter, vous frapper si vous ne le faites pas, à lire le roman "Kafka sur le rivage" de Haruki Murakami. Cela fait partie des quelques oeuvres (littéraires ou musicales ou picturales) qui m'ont changé, il n'y en a qu'une poignée, et aucun être humain ne change facilement. Quand je dis "changer", c'est changer au plus profond de soi.
https://karoo.me/livres/haruki-murakami-kafka-sur-le-rivage-comme-un-alcool-tres-fort
Une lecture envoûtante et vertigineuse, qui se faufile entre émotion et suspense jusqu’aux confins de l’âme et du sens. Un garçon nommé Corbeau, des chats qui parlent, une bibliothèque commémorative, des fantômes, un sage analphabète, un écho de chœur antique, une malédiction… Il faut certes un peu de souplesse et du souffle, mais alors… quelle envolée romanesque nous offre Haruki Murakami, cette icône de la jeunesse japonaise.
Haruki Murakami, écrivain japonais, qui aurait du se voir attribuer le prix Nobel de littérature depuis bien longtemps, a une culture musicale insensée, il a aussi tenu une boite de jazz.
Il fait discuter deux de ses personnages au sujet de la sonate en fa mineur de Schubert dans un univers qui semble tendrement et tout doucement fusionner la réalité très dure et l'imaginaire le plus déjanté, avec des chats qui parlent, les pluies de poissons et de sangsues, des psychopathes, le Colonel Sanders de Kentucky Fried Chicken et Johnnie Walken en personne. Murakami nous fait entrer tout doucement et subtilement dans cet univers, et quand on lâche le livre après qq chapitres, on est très étonné que les chats ne parlent pas ou qu'il ne pleuve pas des poissons...
Il appuie sur le bouton du lecteur de CD, et un morceau de piano classique se fait entendre.
Après avoir écouté un moment, j’essaie d’en deviner le compositeur : pas du Beethoven, ni du Schumann. Sans doute entre les deux, en ce qui concerne l’époque.
— C’est du Schubert ?
— Exact, répond Oshima.Puis, les deux mains sur le volant en position dix heures dix, il me jette un petit coup d’œil.
— Tu aimes Schubert ? demande-t-il.
— Pas spécialement, Oshima hoche la tête.
— Quand je conduis, j’aime bien écouter les sonates pour piano de Schubert avec le volume à fond. Et sais-tu pourquoi ?
— Non.
— Parce que réussir à bien jouer les sonates pour piano de Franz Schubert est une des choses les plus difficiles au monde. Spécialement cette Sonate en fa mineur. Certains pianistes arrivent à jouer presque parfaitement un ou deux mouvements, mais, si on considère l’ensemble des quatre mouvements, il n’y a, à ma connaissance, aucun pianiste au monde capable de les exécuter en entier de manière satisfaisante. De nombreux virtuoses ont essayé de relever ce défi, mais leurs interprétations ont chacune des défauts notables. Il n’y a pas une seule interprétation dont on puisse dire : « Ah, là, c’est parfait ! » Et sais-tu pourquoi ?
— Je ne sais pas, dis-je.
— Parce que les sonates elles-mêmes sont imparfaites. Robert Schumann était un de ceux qui comprenaient le mieux la musique pour piano de Schubert, mais il disait de la sonate que tu entends qu’elle était « divinement bavarde ».
— Pourquoi des pianistes célèbres se donnent-ils pour défi de jouer une musique imparfaite ?
— C’est une bonne question, dit Oshima. (Il marque une pause, pendant laquelle la musique emplit le silence.) Je suis incapable de t’expliquer cela en détail. Mais je peux te dire une chose : les œuvres qui possèdent une sorte d’imperfection sont celles qui parlent le plus à nos cœurs, précisément parce qu’elles sont imparfaites. Toi, par exemple, tu as aimé Le Mineur de Sôseki. Parce que ce roman possède une force d’attraction dont sont dépourvues ses œuvres parfaites telles que Le Pauvre cœur des hommes ou Sanshirô. Tu as rencontré cette œuvre. Ou plutôt, c’est elle qui t’a rencontré. C’est la même chose pour la Sonate en fa mineur. Ces œuvres ont le don de parler au cœur comme aucune autre.Peut-être que je n'arrive pas à écouter/jouer les sonates de Schubert parce qu'elles ont le pouvoir de me changer d'une manière qui me fait peur.
Et, once more time, merci @joel-c de m'avoir fait connaitre Murakami il y a quelques années.
On ne peut pas se plonger sérieusement là-dedans et en sortir indemne nerveusement, si ?
Non
Je ne suis jamais arrivé à plonger dans les oeuvres de Schubert pour piano (sauf peut-être les impromptus), ni devant mon piano, ni à l'écoute. Je pense que ne n'y arriverai jamais. Je m'enfuis presque toujours avant la fin d'une sonate au bout de 1 ou 2 mouvements. Les moments musicaux, pareil. Cela me perd. Je n'écris pas "je m'y perds", mais bien cela me perd.
En liaison très très forte avec Schubert, je ne peux que vous conseiller, recommander, exhorter, vous frapper si vous ne le faites pas, à lire le roman "Kafka sur le rivage" de Haruki Murakami. Cela fait partie des quelques oeuvres (littéraires ou musicales ou picturales) qui m'ont changé, il n'y en a qu'une poignée, et aucun être humain ne change facilement. Quand je dis "changer", c'est changer au plus profond de soi.
https://karoo.me/livres/haruki-murakami-kafka-sur-le-rivage-comme-un-alcool-tres-fort
Une lecture envoûtante et vertigineuse, qui se faufile entre émotion et suspense jusqu’aux confins de l’âme et du sens. Un garçon nommé Corbeau, des chats qui parlent, une bibliothèque commémorative, des fantômes, un sage analphabète, un écho de chœur antique, une malédiction… Il faut certes un peu de souplesse et du souffle, mais alors… quelle envolée romanesque nous offre Haruki Murakami, cette icône de la jeunesse japonaise.
Haruki Murakami, écrivain japonais, qui aurait du se voir attribuer le prix Nobel de littérature depuis bien longtemps, a une culture musicale insensée, il a aussi tenu une boite de jazz.
Il fait discuter deux de ses personnages au sujet de la sonate en fa mineur de Schubert dans un univers qui semble tendrement et tout doucement fusionner la réalité très dure et l'imaginaire le plus déjanté, avec des chats qui parlent, les pluies de poissons et de sangsues, des psychopathes, le Colonel Sanders de Kentucky Fried Chicken et Johnnie Walken en personne. Murakami nous fait entrer tout doucement et subtilement dans cet univers, et quand on lâche le livre après qq chapitres, on est très étonné que les chats ne parlent pas ou qu'il ne pleuve pas des poissons...
Il appuie sur le bouton du lecteur de CD, et un morceau de piano classique se fait entendre.
Après avoir écouté un moment, j’essaie d’en deviner le compositeur : pas du Beethoven, ni du Schumann. Sans doute entre les deux, en ce qui concerne l’époque.
— C’est du Schubert ?
— Exact, répond Oshima.Puis, les deux mains sur le volant en position dix heures dix, il me jette un petit coup d’œil.
— Tu aimes Schubert ? demande-t-il.
— Pas spécialement, Oshima hoche la tête.
— Quand je conduis, j’aime bien écouter les sonates pour piano de Schubert avec le volume à fond. Et sais-tu pourquoi ?
— Non.
— Parce que réussir à bien jouer les sonates pour piano de Franz Schubert est une des choses les plus difficiles au monde. Spécialement cette Sonate en fa mineur. Certains pianistes arrivent à jouer presque parfaitement un ou deux mouvements, mais, si on considère l’ensemble des quatre mouvements, il n’y a, à ma connaissance, aucun pianiste au monde capable de les exécuter en entier de manière satisfaisante. De nombreux virtuoses ont essayé de relever ce défi, mais leurs interprétations ont chacune des défauts notables. Il n’y a pas une seule interprétation dont on puisse dire : « Ah, là, c’est parfait ! » Et sais-tu pourquoi ?
— Je ne sais pas, dis-je.
— Parce que les sonates elles-mêmes sont imparfaites. Robert Schumann était un de ceux qui comprenaient le mieux la musique pour piano de Schubert, mais il disait de la sonate que tu entends qu’elle était « divinement bavarde ».
— Pourquoi des pianistes célèbres se donnent-ils pour défi de jouer une musique imparfaite ?
— C’est une bonne question, dit Oshima. (Il marque une pause, pendant laquelle la musique emplit le silence.) Je suis incapable de t’expliquer cela en détail. Mais je peux te dire une chose : les œuvres qui possèdent une sorte d’imperfection sont celles qui parlent le plus à nos cœurs, précisément parce qu’elles sont imparfaites. Toi, par exemple, tu as aimé Le Mineur de Sôseki. Parce que ce roman possède une force d’attraction dont sont dépourvues ses œuvres parfaites telles que Le Pauvre cœur des hommes ou Sanshirô. Tu as rencontré cette œuvre. Ou plutôt, c’est elle qui t’a rencontré. C’est la même chose pour la Sonate en fa mineur. Ces œuvres ont le don de parler au cœur comme aucune autre.
Peut-être que je n'arrive pas à écouter/jouer les sonates de Schubert parce qu'elles ont le pouvoir de me changer d'une manière qui me fait peur.
Et, once more time, merci @joel-c de m'avoir fait connaitre Murakami il y a quelques années.
Citation de tades le 18 octobre 2021, 22:20Ce mouvement est effectivement stupéfiant au sens littéral du terme.
Mais pour ThierryNK, je t'assure que tu dois être capable de descendre une sonate D960 par Brendel (sa version des années 70 de préférence) sans avoir l'impression d'une descente aux enfers.
Habitant Grenoble j'ai surnommé Schubert le "Randonneur" : où pour plagier je ne sais qui "l'important n'est pas la destination mais le voyage lui même".
Bonnes écoutes
Ce mouvement est effectivement stupéfiant au sens littéral du terme.
Mais pour ThierryNK, je t'assure que tu dois être capable de descendre une sonate D960 par Brendel (sa version des années 70 de préférence) sans avoir l'impression d'une descente aux enfers.
Habitant Grenoble j'ai surnommé Schubert le "Randonneur" : où pour plagier je ne sais qui "l'important n'est pas la destination mais le voyage lui même".
Bonnes écoutes
Citation de ThierryNK le 18 octobre 2021, 22:44J'étais au lycée et conservatoire à Grenoble, ma soeur y habite. On se connaît? Je te préviendrai la prochaine fois que j'y vais.
J'étais au lycée et conservatoire à Grenoble, ma soeur y habite. On se connaît? Je te préviendrai la prochaine fois que j'y vais.
Citation de tades le 21 octobre 2021, 13:19Possible, en tous cas je ferai volontiers ta connaissance et te ferai faire un brin d'écoute de mon système si tu as le temps !
Possible, en tous cas je ferai volontiers ta connaissance et te ferai faire un brin d'écoute de mon système si tu as le temps !
Citation de ThierryNK le 23 octobre 2021, 00:31Je n'avais jamais acheté les partitions.
On va essayer...
Merci pour votre achat effectué sur notre site internet DI AREZZO, l'univers du musicien.Nous vous invitons à vérifier le détail de votre commande, ci-dessous :J'ai récupéré une version gratuite de la partition de l'andantino. La nuit va être longue...
Je n'avais jamais acheté les partitions.
On va essayer...
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
|
J'ai récupéré une version gratuite de la partition de l'andantino. La nuit va être longue...
Citation de ThierryNK le 9 décembre 2021, 23:14Juste pour les "lire" et en travailler qq mouvements...
Juste pour les "lire" et en travailler qq mouvements...
Citation de tades le 10 décembre 2021, 10:27664, 784 en plus des 3 dernières (surtout le 960 pour ce qui concerne mes goûts d'auditeur car malheureusement je ne joue pas)
664, 784 en plus des 3 dernières (surtout le 960 pour ce qui concerne mes goûts d'auditeur car malheureusement je ne joue pas)
Citation de ThierryNK le 10 décembre 2021, 18:41Un divan serait peut-être nécessaire, ou une certaine faculté d'oubli.
J'ai déchiffré des mouvements, et j'ai repris l'impromptu en solb majeur que j'ai joué il y a bien longtemps.
J'ai un vrai blocage dont je ne trouve pas les raisons. Dans la tête, je sais ce que je veux en faire, les doigts en sont à peu près capables, mais la transmission ne se fait pas.
Voilà, voilà...
"Mon" interprétation de référence... (et de très très loin, sauf peut-être Kissin)
Un divan serait peut-être nécessaire, ou une certaine faculté d'oubli.
J'ai déchiffré des mouvements, et j'ai repris l'impromptu en solb majeur que j'ai joué il y a bien longtemps.
J'ai un vrai blocage dont je ne trouve pas les raisons. Dans la tête, je sais ce que je veux en faire, les doigts en sont à peu près capables, mais la transmission ne se fait pas.
Voilà, voilà...
"Mon" interprétation de référence... (et de très très loin, sauf peut-être Kissin)
Citation de ThierryNK le 1 janvier 2023, 19:03Un an plus tard, je suis toujours autant bloqué. Quelque chose en moi veut s'enfuir devant cette musique.
Un an plus tard, je suis toujours autant bloqué. Quelque chose en moi veut s'enfuir devant cette musique.